Bonjour à tous,

Nous sommes deux jeunes journalistes indépendants qui veulent réaliser un reportage sur les rescapés de la Corée du Nord.

Le régime nord-coréen est le plus fermé et totalitaire au monde, et il est interdit à tout nord coréen de quitter le pays sous peine d'exécution. Étouffée par ses imposantes dépenses militaires, l'économie nord-coréenne est à bout de souffle depuis les années 1990, la faim faisant chaque année des milliers de victimes civiles, dont beaucoup d'enfants. Par ailleurs, la dictature autocratique et dynastique mise en place en 1953 est la plus aboutie de l'histoire contemporaine tout comme la plus féroce, tout opposant au régime étant exécuté ou envoyé dans un camp de travail où les pires tortures sont réservées aux détenus dissidents.

Les nord-coréens subissent quotidiennement un climat d'oppression politique et le fardeau d'une économie désastreuse, en dehors des classes dirigeantes qui bénéficient de tous les privilèges au détriment du peuple. Ce mécontentement, ils ne peuvent l'exprimer et se voient contraints de manifester une joie de vivre théâtrale pour asseoir la légitimité du pouvoir en place, mais de fait, le rêve de tout nord-coréen à ce jour n'est qu'un seul: s'enfuir.

Cependant, le régime a bouclé toutes les frontières avec ses pays voisins, en particulier celle avec la Corée du Sud, le long de laquelle s'étalent 250 km de grillage, de barbelés, de postes de surveillance, da patrouilles armées, de champs minés et de caméras. Cette étendue, on l'appelle la DMZ. Depuis la guerre de Corée, le 38ème parallèle est ainsi devenu infranchissable et il ne reste ainsi qu'une issue possible par voie terrestre: la frontière avec la Chine, pays amis de Pyongyang. Là aussi la frontière est surveillée jour et nuit et les gardes ont l'ordre de tirer sur quiconque tente de franchir la rivière qui délimite les confins territoriaux et de laisser les cadavres sur place afin qu'ils servent d'exemple.

Chaque année néanmoins, des dizaines de coréens traversent clandestinement la frontière avec la Chine à leurs risques et périls en espérant rejoindre la Corée du Sud pour y obtenir l'asile politique. Pour cela ils doivent traverser la Chine et le Laos, au péril de se faire arrêter à tout moment par les autorités et renvoyer dans leur pays sachant qu'une peine capitale les y attend. Ce n'est qu'en Thailande qu'ils peuvent enfin circuler librement et prendre l'avion pour Séoul pour y commencer une nouvelle vie. Toujours est-il qu'avant de joindre Bangkok, les évadés parcourent 6000 Km avec une angoisse permanente vis à vis des patrouilles chinoises et laotiennes qui peuvent à tout moment les saisir et les rediriger vers leur pays d'origine.

Cette vidéo témoigne des conditions de détention et des tortures que subissent les prisonniers nord-coréens dans les camps de labeur:

Un réseau organisé s'est ainsi constitué au début des années 90 pour aider les fugitifs à mener à bien leur voyage, un commando de passeurs et de contrebandiers volontaires qui accompagnent les rescapés de la Corée du Nord tout au long de leur périple. Cette organisation s'appelle Durihana, fondée par un pasteur sud-coréen qui coordonne tout ça depuis Séoul.

Toutefois cette ONG ne profite d'aucune aide financière de la part de l'Etat et ne survit ainsi que grâce aux donations. Chaque réfugié Nord-Coréen est ainsi contraint de financer sa propre fugue qui coûte environ 3000$.

Le reportage que nous voulons réaliser est ainsi voué à faire connaitre les actions courageuses et bénévoles de Durihana à travers le monde afin que cette association puisse bénéficier de soutiens majeurs, ainsi qu'à dénoncer les conditions de vie des coréens du nord.

Nous allons pour celà accompagner un groupe de fugitifs tout au long de leur périple, écouter leurs histoires, enregistrer leurs témoignages, leurs projets et leurs rêves pour le futur. Nous allons les suivre au cours de leurs trajets de train lorsqu'ils se dissimulent parmi la foule pour ne pas se faire repérer, lorsqu'ils traversent les frontières en passant par la jungle durant la nuit pour détourner la douane, lorsqu'ils se cachent dans une chambre d'hotel sans faire un bruit pour ne pas se faire dénoncer.

Si nos finances nous le permettront, nous aiderons les fugitifs financièrement à se procurer de la nourriture, des médicaments et tout ce qui sera nécessaire à leur fuite. Nous lancerons une collecte en parallèle pour soutenir Durihana et son fervent président Chun Ki-Won qui a gentiment accepté nôtre requête de suivre un groupe de fugitif accompagné par son réseau.